C’est la dernière coqueluche parisienne, les restaurants de nouilles de blé: les ramens. Rue Sainte Anne bien entendu, mais depuis février dans une petite rue de Saint Germain des Prés, Ippudo fait un malheur, témoin la file d’attente qui débute dès midi ! Vous verrez, vous qui pensiez que la cuisine japonaise était un univers fait de subtilité et d’ombres, de goûts nuageux, quasi philosophiques (l’umami), vous allez perdre votre latin et tous vos repères. Car voici des bouillons (à base d’os de porc) d’une énergie et d’une fulgurance sans nom. Cette cuisine su sud (Hakata) vous saute à la gorge, vous allonge sur le tatami et n’exige qu’un seul mot de vous: slurp ! Car il faut avaler en aspirant bruyamment (tsuru-tsuru, traduit ici par zuzutto), histoire d’avoir un rapport ferme et joyeux . Les bouillons ont vraiment du gout, les pâtes cuites à votre demande de yawa (fondantes) à futsu (al dente). Que disent de nous cette vogue? Notre désir de sortir des canons classiques de la cuisine, certes, mais aussi cet irrépressible penchant aux nourritures faciles, frontales, d’évidence. On est presque au bord de la caricature du goût, du choc organisé. Nous voila aspirés (comme les nouilles) vers un univers fort, sans porte de sortie à l’instar d’une uniformisation des cuisines de Sechuan, des couleurs « loud », voire des voix des muezzin fonctionnant à l’identique. Si en sortant vous vous sentez quelque peu sonné, il faudrait alors vite courir à la première librairie et vous plonger dans un livre épatant. Il est écrit par Ryoko Sekiguchi et développe ce que nous aimons tant dans la culture japonaise, la notion que l’on appelle ici le « fade ». Il est question du « toucher de la gorge », de Tanizaki, du goût de la tristesse, du centre creux de tout ce qui serait indéfinissable. Il permet d’accéder à l’imaginaire gustatif des Français, de nos défauts de perception et par la même l’incroyable fascination qu’exercent réciproquement les cultures japonaises et française. Ce livre est une petite merveille. Il a beaucoup de goût.
Meilleur emplacement. Hélas, on ne choisit pas ici, car c’est toujours plein. Mon conseil, venez en tout début de service (12h, il y a déjà la queue!) et demandez le comptoir: extra!
Dommage. Sincèrement, c’est chérot: 14 euros, alors qu’au Japon, un bol de ramen fait dans les 5-6 euros.
A emporter. Le livre de Ryoko Sekiguchi, aux éditions les Ateliers d’Argol; 15 euros d’un pur délice. « Fade ». S’achète en plusieurs exemplaires.
Ippudo, la réponse bruyante au « fade »
C’est la dernière coqueluche parisienne, les restaurants de nouilles au sarrasin: les ramens. Rue Sainte Anne bien entendu, mais depuis février dans une petite rue de Saint Germain des Prés, Ippudo fait un malheur, témoin la file d’attente qui débute dès midi ! Vous verrez, vous qui pensiez que la cuisine japonaise était un univers fait de subtilité et d’ombres, de goûts nuageux, quasi philosophiques (l’umami), vous allez perdre votre latin et tous vos repères. Car voici des bouillons (à base d’os de porc) d’une énergie et d’une fulgurance sans nom. Cette cuisine su sud (Hakata) vous saute à la gorge, vous allonge sur le tatami et n’exige qu’un seul mot de vous: slurp ! Car il faut avaler en aspirant bruyamment (tsuru-tsuru, traduit ici par zuzutto), histoire d’avoir un rapport ferme et joyeux . Les bouillons ont vraiment du gout, les pâtes cuites à votre demande de yawa (fondantes) à futsu (al dente). Que disent de nous cette vogue? Notre désir de sortir des canons classiques de la cuisine, certes, mais aussi cet irrépressible penchant aux nourritures faciles, frontales, d’évidence. On est presque au bord de la caricature du goût, du choc organisé. Nous voila aspirés (comme les nouilles) vers un univers fort, sans porte de sortie à l’instar d’une uniformisation des cuisines de Sechuan, des couleurs « loud », voire des voix des muezzin fonctionnant à l’identique. Si en sortant vous vous sentez quelque peu sonné, il faudrait alors vite courir à la première librairie et vous plonger dans un livre épatant. Il est écrit par Ryoko Sekiguchi et développe ce que nous aimons tant dans la culture japonaise, la notion que l’on appelle ici le « fade ». Il est question du « toucher de la gorge », de Tanizaki, du goût de la tristesse, du centre creux de tout ce qui serait indéfinissable. Il permet d’accéder à l’imaginaire gustatif des Français, de nos défauts de perception et par la même l’incroyable fascination qu’exercent réciproquement les cultures japonaises et française. Ce livre est une petite merveille. Il a beaucoup de goût.
Meilleur emplacement. Hélas, on ne choisit pas ici, car c’est toujours plein. Mon conseil, venez en tout début de service (12h, il y a déjà la queue!) et demandez le comptoir: extra!
Dommage. Sincèrement, c’est chérot: 14 euros, alors qu’au Japon, un bol de ramen fait dans les 5-6 euros.
A emporter. Le livre de Ryoko Sekiguchi, aux éditions les Ateliers d’Argol; 15 euros d’un pur délice. « Fade ». S’achète en plusieurs exemplaires.
14 rue Grégoire de Tours, 75006 Paris. Pas de réservation. Notez bien les horaires car il faut jouer les contretemps:
Horaires d’ouverture : Lundi – Jeudi : 12h-16h / 18h-00h.
Vendredi : 12h-16h / 18h-00h30.Samedi : 12h-00h30.Dimanche : 12h-22h30. www.ippudo.fr
Décibels. Ca y va avec les exclamations joyeuses du personnel lorsqu’arrive un client: 90db.
Mercure. Ca chauffe aussi parmi les marmites: 21°c.
L’addition: on peut s’embarquer dans les 20 euros par personne grand maxi.
Minimum syndical: 14 euros un vaste bol qui vous emplit allègrement.
Verdict: ah oui, pour l’ambiance et l’expérience.